Les nouveautés 2024 (fiscales et sociales) pour les professionnels du droit, du chiffre et de la finance

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Voici un panorama des principales nouvelles dispositions juridiques, fiscales et sociales qui peuvent impacter, en 2024, les professionnels du droit, du chiffre et de la finance. Et plus spécialement les établissements financiers, les assureurs, les commissaires aux comptes, les clercs de notaires, etc.

Facturation Ă©lectronique

La réforme de la facturation électronique poursuit plusieurs objectifs :

  • renforcer la compĂ©titivitĂ© des entreprises, en allĂ©geant le formalisme et en diminuant les dĂ©lais de paiement ;
  • simplifier les obligations dĂ©claratives des entreprises en matière de TVA ;
  • simplifier les contrĂ´les fiscaux ;
  • amĂ©liorer le pilotage de la politique Ă©conomique au national puisque l’administration fiscale pourra prendre connaissance, en temps rĂ©el (ou quasiment), de l’activitĂ© des entreprises.

Le modèle français de facturation électronique est « mixte ». Il se compose :

  • d’une obligation de facturation Ă©lectronique (« e-invoicing ») ;
  • d’une obligation de transmission des donnĂ©es de transaction et des donnĂ©es de paiement (« e-reporting »).

Initialement, la mise en place de cette réforme devait suivre le calendrier suivant :

  • obligation de rĂ©ception des factures sous forme Ă©lectronique : 1er juillet 2024 pour toutes les entreprises ;
  • obligation d’émission des factures sous forme Ă©lectronique et de transmission des donnĂ©es de transaction et de paiement :
    • 1er juillet 2024 pour les grandes entreprises ;
    • 1er janvier 2025 pour les entreprises de taille intermĂ©diaire (ETI) ;
    • 1er janvier 2026 pour les PME et les microentreprises.

Au cours de l’été 2023, le Gouvernement a finalement pris la décision de reporter l’entrée en vigueur de cette réforme.

Par conséquent, la loi de finances pour 2024 fixe un nouveau calendrier de déploiement.

Dorénavant, il est prévu une obligation d’émission des factures sous forme électronique et de transmission des données de transaction et de paiement à compter du 1er septembre 2026. Toutefois, il est d’ores et déjà prévu qu’un décret pourra venir modifier cette date, sans pour autant pouvoir fixer une échéance postérieure au 1er décembre 2026.

Ce nouveau calendrier ne s’applique ni aux microentreprises, ni aux PME non-membres d’un assujetti unique (au regard de la TVA) qui, elles, seront tenues d’émettre des factures sous forme électronique et de transmettre des données de transaction et de paiement à compter du 1er septembre 2027. Là encore, un décret pourra venir modifier cette date, sans pour autant pouvoir fixer une échéance postérieure au 1er décembre 2027.

Pour les entreprises d’assurance

Taxe spéciale sur les conventions d’assurance

La loi de finances pour 2021 avait instauré une exonération temporaire de la taxe spéciale sur les conventions d’assurances (TSCA) pour les contrats d’assurance contre les risques relatifs aux véhicules électriques.

La loi de finances pour 2024 prĂ©cise que cette exonĂ©ration s’appliquera pour l’intĂ©gralitĂ© du montant des primes, des cotisations et des accessoires se rapportant Ă  une convention dont l’Ă©chĂ©ance intervient au 31 dĂ©cembre 2023.

Cette exonĂ©ration est ensuite portĂ©e Ă  75 % du montant de la taxe assise sur les primes, les cotisations et les accessoires se rapportant Ă  une convention dont l’Ă©chĂ©ance intervient entre le 1er janvier 2024 et le 31 dĂ©cembre 2024.

En outre, elle crĂ©Ă© un nouveau dispositif d’exonĂ©ration qui concerne les assurances contre les risques de toute nature relatifs aux vĂ©hicules terrestres Ă  moteur neufs dont la source d’Ă©nergie exclusive est l’Ă©lectricitĂ©, pour lesquelles la prise d’effet des garanties intervient entre le 1er janvier 2024 et le 31 dĂ©cembre 2024 au titre des vĂ©hicules dont le certificat d’immatriculation a Ă©tĂ© Ă©mis aux mĂŞmes dates.

Cette exonération est égale à 75 % du montant de la taxe assise sur les primes, les cotisations et les accessoires de ces assurances, pendant une durée de 24 mois à compter de la prise d’effet des garanties.

Financement du fonds de garantie des assurances obligatoires

Le fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages indemnise, sous conditions, les victimes des dommages nĂ©s d’un accident survenu en France dans lequel est impliquĂ© un vĂ©hicule, et ceux nĂ©s d’un accident de la circulation causĂ© par un tiers ou un animal.

Ce fonds est alimentĂ© par des contributions des entreprises d’assurance, des automobilistes assurĂ©s et des responsables d’accidents automobiles non bĂ©nĂ©ficiaires d’une assurance.

La contribution des assurĂ©s est prĂ©levĂ©e sur les primes ou cotisations nettes qu’ils versent aux entreprises d’assurance qui la reversent ensuite au fonds de garantie.

Quant Ă  la contribution des entreprises d’assurance, la loi de finances pour 2024 prĂ©cise qu’elle est assise sur toutes les primes ou cotisations nettes qu’elles perçoivent pour l’assurance des risques de responsabilitĂ© civile rĂ©sultant d’accidents causĂ©s par les vĂ©hicules terrestres Ă  moteur et les remorques ou semi-remorques des vĂ©hicules lorsque le risque est situĂ© sur le territoire de la RĂ©publique française.

Le taux de ces 2 contributions est fixé par arrêté dans les limites suivantes :

  • pour la contribution des assurĂ©s, ce taux est compris entre 0 % et 2 % des primes versĂ©es aux entreprises d’assurance ;
  • pour la contribution des entreprises d’assurance, ce taux est compris, Ă  compter de 2024, entre 0 % et 1 % des primes ou cotisations qu’elles perçoivent.

Spécialement pour les agents généraux d’assurance

Le gain (plus-value) susceptible d’être dĂ©gagĂ© Ă  l’occasion de la vente d’une entreprise individuelle ou d’un fonds de commerce est totalement exonĂ©rĂ© d’impĂ´t si la valeur des Ă©lĂ©ments transmis n’excède pas 500 000 €. L’exonĂ©ration sera partielle si cette valeur est comprise entre 500 000 € et 1 M€.

Plusieurs conditions doivent toutefois être respectées. Notamment :

  • l’activitĂ© vendue ou transmise doit avoir Ă©tĂ© exercĂ©e pendant au moins 5 ans au moment de la transmission ;
  • la transmission porte sur une entreprise individuelle ou une branche complète d’activitĂ©, entraĂ®nant le transfert des Ă©lĂ©ments d’actif et de passif qui constituent, du point de vue de l’organisation, une exploitation autonome ;
  • le vendeur ne doit pas contrĂ´ler l’entreprise qui se porte acquĂ©reur de l’activitĂ© vendue.

La loi de finances pour 2024 ouvre le bénéfice de cette exonération totale ou partielle d’impôt aux agents d’assurances exerçant à titre individuel.

Par conséquent, l’indemnité compensatrice versée à ces agents par les compagnies d’assurances qu’ils représentent à l’occasion de la cessation du mandat peut bénéficier de cet avantage fiscal, dès lors que :

  • le contrat dont la cessation est indemnisĂ©e a Ă©tĂ© conclu depuis au moins 5 ans au moment de la cessation ;
  • l’agent gĂ©nĂ©ral d’assurances cède son entreprise individuelle ou une branche complète d’activitĂ©.

Pour les entreprises du secteur financier

PrĂŞts consentis au titre des investissements immobiliers

Les établissements de crédit peuvent consentir des prêts à taux 0 aux particuliers, primo-accédants, sous condition de ressources, qui acquièrent ou font construire leur résidence principale.

La loi de finances pour 2024 précise que lorsque ce logement est neuf, le prêt ne pourra être octroyé que s’il est localisé dans un bâtiment d’habitation collectif et dans une zone géographique se caractérisant par un déséquilibre important entre l’offre et la demande de logements entraînant des difficultés d’accès au logement dans le parc résidentiel existant.

Cette nouvelle condition ne s’applique ni pour l’aménagement en local à usage de logement de locaux non destinés à l’habitation, ni pour l’achat d’un logement neuf faisant l’objet d’un contrat de location-accession, d’un contrat de bail réel solidaire ou d’un contrat d’accession à la propriété.

Les personnes physiques éligibles au dispositif sont celles dont le montant total des ressources, divisé par le coefficient familial, est inférieur à un plafond fixé par décret qui varie selon la localisation du logement. Ce plafond ne peut pas être supérieur à 49 000 € (contre 37 000 € auparavant) ni inférieur à 16 500 €.

Le montant du prĂŞt est Ă©gal Ă  une fraction du coĂ»t total de l’opĂ©ration retenu dans la limite d’un plafond (fixĂ© par dĂ©cret). Il ne peut excĂ©der le montant du ou des autres prĂŞts, d’une durĂ©e au moins Ă©gale Ă  2 ans, concourant au financement de la mĂŞme opĂ©ration.

Un établissement financier peut également consentir un « prêt avance mutation » pour financer des travaux de rénovation, prêt garanti par une hypothèque.

Depuis le 1er janvier 2024, ce prêt avance mutation peut financer les frais liés à l’inscription d’une hypothèque et les frais notariés.

De plus, ces mêmes prêts peuvent être consentis sans intérêt pour le financement de travaux permettant d’améliorer la performance énergétique des logements. Cette nouveauté s’applique aux offres de prêts émises à compter du 1er septembre 2024 et jusqu’au 31 décembre 2027.

Crédit d’impôt au titre des prêts avance mutation ne portant pas intérêt

Les établissements de crédit peuvent, sous conditions, bénéficier d’un crédit d’impôt au titre des prêts avance mutation ne portant pas intérêt versés au cours de l’année d’imposition ou de l’exercice pour financer des travaux d’amélioration de la performance énergétique globale de logements achevés depuis plus de 2 ans à la date de début d’exécution des travaux.

Pour bénéficier de ce crédit d’impôt, applicable aux offres de prêt conclues à compter du 1er septembre 2024 et jusqu’au 31 décembre 2027, la banque devra conclure une convention avec l’État, conforme à un modèle-type approuvé par arrêté.

Crédit d’impôt au titre des avances remboursables ne portant pas intérêt pour le financement des travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements anciens

Les Ă©tablissements de crĂ©dit peuvent bĂ©nĂ©ficier d’un crĂ©dit d’impĂ´t au titre d’avances remboursables ne portant pas intĂ©rĂŞt versĂ©es au cours de l’annĂ©e d’imposition ou de l’exercice pour financer des travaux d’amĂ©lioration de la performance Ă©nergĂ©tique globale de logements achevĂ©s depuis plus de 2 ans Ă  la date de dĂ©but d’exĂ©cution des travaux qui sont utilisĂ©s ou destinĂ©s Ă  ĂŞtre utilisĂ©s en tant que rĂ©sidence principale.

La loi de finances pour 2024 ajoute les sociétés de tiers-financement à la liste des professionnels éligibles au bénéfice de cet avantage fiscal.

Par ailleurs, elle apporte certaines modifications techniques au dispositif.

Pour les commissaires aux comptes

Contrairement aux salariés, les personnes exerçant l’une des professions limitativement énumérées par la loi sont affiliées aux régimes d’assurance vieillesse et invalidité-décès des professions libérales.

Légalement, seuls les assurés mentionnés sur cette liste bénéficient de prestations en espèces qui sont calculées et versées comme pour les assurés rattachés au régime général.

Puisque les commissaires aux comptes (CAC) n’y figurent pas, ils ne bénéficient pas de ces indemnités journalières.

Pour remédier à cette situation et permettre aux CAC de bénéficier des prestations en espèces de l’assurance vieillesse et invalidité décès, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 prévoit désormais de les intégrer à la liste des professions affiliées aux régimes d’assurance vieillesse et invalidité des professions libérales aux termes du Code de la Sécurité sociale.

Pour les clercs de notaires

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 précise les dispositions relatives à la caisse de retraite et de prévoyance pour les clercs et employés de notaires.

Cette caisse a notamment pour objet la constitution, au profit des clercs et employĂ©s de notaires recrutĂ©s avant le 1er septembre 2023 et qui remplissent, sans aucune interruption Ă  compter de cette date, les conditions d’affiliation Ă  la caisse, d’une pension en cas de vieillesse et, en cas de dĂ©cès, d’une pension au profit du conjoint et des enfants mineurs.

La loi supprime la mention « sans aucune interruption » exigée pour la constitution de pension.

En outre, il est prévu que :

  • un dĂ©cret (Ă  venir) fixe la liste des congĂ©s qui permettent le maintien de l’affiliation Ă  ce rĂ©gime d’assurance vieillesse après le 1er septembre 2023, sans que ces congĂ©s ne donnent lieu ni au versement de cotisations ni Ă  la constitution de droits Ă  pension dans ce rĂ©gime ;
  • en cas de rupture du contrat de travail après le 1er septembre 2023, l’affiliation au rĂ©gime est maintenue :
    • pendant 1 mois (Ă  compter de la rupture) si la rupture est Ă  l’initiative du salariĂ© ou d’un commun accord ;
    • pendant un an (Ă  compter de la rupture) si elle est Ă  l’initiative de l’employeur ;
    • ou, si elle intervient plus tĂ´t, jusqu’à la reprise d’une activitĂ© entrainant une autre affiliation auprès d’un autre rĂ©gime de sĂ©curitĂ© sociale ;
  • pour les bĂ©nĂ©ficiaires du rĂ©gime (clercs et employĂ©s de notaires) ayant suspendu ou cessĂ© leur activitĂ© avant le 1er septembre 2023, l’affiliation Ă  ce rĂ©gime d’assurance vieillesse est maintenue après cette date, quelle que soit la cause de la suspension ou de l’interruption, pour une durĂ©e maximale de 10 ans.

Les nouveautĂ©s 2024 (fiscales et sociales) pour les professionnels du droit, du chiffre et de la finance – © Copyright WebLex

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