Focus sur les entreprises tournées vers l’insertion professionnelle de certains « publics fragiles »

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La Loi « Avenir professionnel » a pour principal objectif d’aider tous les travailleurs à « faire carrière ». Cela signifie donc qu’elle s’efforce de donner les moyens aux publics fragiles d’atteindre leurs ambitions, notamment par le biais des entreprises et associations qui ont pour objet l’insertion professionnelle de ces publics.

Des mesures visant les entreprises adaptées

  • RĂ©Ă©criture des règles concernant les entreprises adaptĂ©es

Pour rappel, une entreprise adaptée (EA) emploie au minimum 80 % de travailleurs handicapés, orientés vers le marché du travail par la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH), qui remplissent certains critères. Ces critères sont revus.

Jusqu’alors, il s’agissait de personnes :

  • soit recrutĂ©es sur proposition de PĂ´le Emploi ou d’un organisme de placement spĂ©cialisĂ© (Cap-Emploi) ;
  • soit rĂ©pondant aux critères d’éligibilitĂ© aux aides spĂ©cifiques rĂ©servĂ©es Ă  ce type d’entreprise.

A partir du 1er janvier 2019, elle pourra conclure des contrats de travail avec des travailleurs reconnus handicapés par la CDAPH qui se trouvent sans emploi ou qui courent le risque de perdre leur emploi en raison de leur handicap. Elle devra toujours respecter un taux d’emploi de travailleurs handicapés mais les proportions minimale et maximale d’emploi de ce public seront fixées par Décret.

L’entreprise adaptĂ©e est nĂ©cessairement agrĂ©Ă©e par l’Etat :

  • jusqu’alors par le biais d’un contrat d’objectifs triennal ;
  • Ă  compter du 1er janvier 2019, par le biais de contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens.

Ces contrats valent agrément.

A partir du 1er janvier 2019, elle occupera un rôle ainsi défini : elle contribuera au développement des territoires et promouvra un environnement économique inclusif favorable aux femmes et aux hommes en situation de handicap.

Les entreprises adaptées permettent à leurs salariés d’exercer une activité professionnelle dans un environnement adapté à leurs possibilités, afin qu’ils obtiennent ou conservent un emploi. Comme actuellement, elles mettent en œuvre, pour ces salariés, un accompagnement spécifique destiné à favoriser la réalisation de leur projet professionnel, la valorisation de leurs compétences et leur mobilité au sein de l’entreprise elle-même ou vers d’autres entreprises.

Pour faciliter l’accès de ses salariés à un emploi durable, l’entreprise adaptée met en œuvre un appui individualisé pour l’entreprise utilisatrice et des actions d’accompagnement professionnel et de formation pour les travailleurs handicapés. Cette prestation d’appui individualisée est rémunérée par l’entreprise utilisatrice et est distincte de la mise à disposition.

L’entreprise adaptée peut bénéficier d’aides contribuant à compenser les conséquences du handicap et des actions engagées liées à leur emploi pour les travailleurs handicapés qui remplissent certaines conditions (cumulatives), à savoir :

  • ils sont reconnus travailleurs handicapĂ©s par la CDAPH ;
  • ils sont sans emploi ou risquent de le perdre en raison de leur handicap ;
  • leur recrutement est proposĂ© par Cap-Emploi ou ils rĂ©pondent aux critères d’éligibilitĂ© fixĂ©s par arrĂŞtĂ©.

Seul l’emploi des travailleurs handicapĂ©s qui remplissent les conditions requises permet de bĂ©nĂ©ficier des aides contribuant Ă  compenser les consĂ©quences du handicap et des actions engagĂ©es liĂ©es Ă  leur emploi. Ces aides sont rĂ©Ă©valuĂ©es chaque annĂ©e.

Nous sommes actuellement dans l’attente d’un dĂ©cret prĂ©cisant les modalitĂ©s du contrat d’objectifs pluriannuel, l’accompagnement spĂ©cifique exigĂ© et portant sur les aides financières.

  • ExpĂ©rimentation du CDD d’accompagnement des transitions professionnelles

A titre expĂ©rimental et jusqu’au 31 dĂ©cembre 2022, certaines entreprises adaptĂ©es pourront recourir au CDD pour expĂ©rimenter un accompagnement des transitions professionnelles afin de favoriser la mobilitĂ© professionnelle des travailleurs handicapĂ©s vers les autres entreprises. Elles pourront, Ă  cette fin, bĂ©nĂ©ficier d’une aide financière de l’Etat.

Le CDD devra :

  • ĂŞtre conclu avec un travailleur handicapĂ© sans emploi ou qui risque de perdre son emploi Ă  cause de son handicap ;
  • fixer une durĂ©e de 4 mois minimum, renouvelable par dĂ©cisions successives d’un an maximum, dans la limite d’une durĂ©e totale de 24 mois ; Ă  savoir que cette limite peut ĂŞtre dĂ©passĂ©e :
  • â—‹ dans le but d’achever une formation en cours de rĂ©alisation Ă  l’Ă©chĂ©ance du contrat et jusqu’Ă  l’achèvement de cette formation,
  • â—‹ après avis de Cap-Emploi, pour le salariĂ© d’au moins 50 ans qui rencontre des difficultĂ©s particulières dont l’absence de prise en charge ferait obstacle Ă  son insertion durable dans l’emploi ;
  • prĂ©voir une durĂ©e hebdomadaire ne pouvant pas ĂŞtre infĂ©rieure Ă  20 heures sauf, lorsque le contrat le prĂ©voit, pour mettre en Ĺ“uvre des modalitĂ©s d’accompagnement du projet professionnel adaptĂ©es Ă  ses possibilitĂ©s afin qu’il obtienne ou conserve un emploi ; cette durĂ©e peut varier sans excĂ©der la durĂ©e lĂ©gale hebdomadaire.

Le CDD pourra ĂŞtre suspendu pour permettre au travailleur d’accomplir une pĂ©riode d’essai affĂ©rente Ă  une offre d’emploi visant une embauche en CDI ou en CDD d’au moins 6 mois ou, en accord avec l’employeur, pour effectuer une pĂ©riode de mise en situation en milieu professionnel.

Le contrat pourra ĂŞtre rompu, Ă  l’initiative du salariĂ©, pour lui permettre de suivre une formation qualifiante.

Les entreprises adaptées candidates devront remplir les conditions qui seront fixées par un cahier des charges national.

Nous sommes actuellement en attente d’un décret qui rendra ce dispositif immédiatement applicable.

  • ExpĂ©rimentation des entreprises de travail temporaire d’entreprises adaptĂ©es

A titre expĂ©rimental, Ă  partir du 1er janvier 2019 et jusqu’au 31 dĂ©cembre 2022, les entreprises adaptĂ©es pourront crĂ©er des entreprises de travail temporaire pour favoriser les transitions professionnelles des travailleurs handicapĂ©s vers les autres entreprises.

La durée de travail du travailleur handicapé pourra être inférieure à 24 heures par semaine si sa situation de handicap le justifie. La durée des missions pourra être portée à 24 mois (renouvellement compris).

Là encore, nous attendons un Décret qui viendra préciser ce nouveau dispositif.

  • RĂ´le des entreprises adaptĂ©es dans le cadre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapĂ©s

Jusqu’à présent, une entreprise pouvait s’acquitter de son obligation d’emploi des travailleurs handicapés en recourant à des contrats de fourniture, de sous-traitance, ou de prestations de services passés avec, notamment des entreprises adaptées. Désormais, ce recours permettra uniquement une déduction sur la contribution. Néanmoins, la nature des dépenses et leurs conditions de déduction doivent encore être déterminées par Décret.

Des mesures visant les Esat

Les Ă©tablissements et services d’aide par le travail (Esat) accueillent les personnes handicapĂ©es qui ne peuvent pas travailler dans une entreprise ordinaire ou dans une entreprise adaptĂ©e, momentanĂ©ment ou durablement, Ă  temps plein ou Ă  temps partiel.

Ils leur offrent des possibilitĂ©s d’activitĂ©s diverses Ă  caractère professionnel, ainsi qu’un soutien mĂ©dico-social et Ă©ducatif, en vue de favoriser leur Ă©panouissement personnel et social.

  • Compte personnel de formation des travailleurs handicapĂ©s relevant d’un Esat

Ces entreprises devront, Ă  partir du 1er janvier 2019, alimenter le compte personnel de formation (CPF) de leurs travailleurs handicapĂ©s Ă  hauteur d’un montant par annĂ©e d’admission Ă  temps plein ou Ă  temps partiel dans l’Esat. L’alimentation du CPF sera plafonnĂ©e. Ce montant et ce plafond seront dĂ©terminĂ©s ultĂ©rieurement.

Le montant du CPF permettra de financer une formation Ă©ligible (permettant d’obtenir une certification professionnelle ou de faire valider ses acquis de l’expĂ©rience, par exemple), ainsi qu’une formation concourant Ă  l’accès Ă  la qualification des personnes en recherche d’emploi financĂ©e par les rĂ©gions, PĂ´le Emploi ou Cap-Emploi.

Les Esat doivent verser Ă  leur opĂ©rateur de compĂ©tences (anciennement l’organisme paritaire collecteur agrĂ©Ă© – OPCA) une contribution Ă  la formation professionnelle au plus Ă©gale Ă  0,35 % d’une partie forfaitaire de la rĂ©munĂ©ration garantie versĂ©e aux travailleurs handicapĂ©s concernĂ©s. Le montant de cette rĂ©munĂ©ration garantie, ainsi que le taux de la contribution doivent encore ĂŞtre dĂ©finis par DĂ©cret.

A la demande du travailleur handicapĂ© ou de son reprĂ©sentant lĂ©gal, le CPF peut faire l’objet d’abondements complĂ©mentaires financĂ©s par les entreprises utilisatrices lorsque le coĂ»t de la formation est supĂ©rieur au solde ou au plafond du CPF.

Les frais pédagogiques et les frais liés à la validation des compétences et des connaissances afférents à la formation du travailleur handicapé qui mobilise son CPF seront pris en charge par la Caisse des dépôts et consignations.

A titre transitoire, du 1er janvier 2019 au 31 dĂ©cembre 2019, les frais pĂ©dagogiques du travailleur handicapĂ© relevant d’un Esat seront pris en charge par l’OPCA.

  • RĂ´le des Esat dans le cadre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapĂ©s

Jusqu’à présent, une entreprise pouvait s’acquitter de son obligation d’emploi des travailleurs handicapés en recourant à des contrats de fourniture, de sous-traitance, ou de prestations de services passés avec, notamment des Esat. Désormais, ce recours permettra uniquement une déduction sur la contribution. Néanmoins, la nature des dépenses et leurs conditions de déduction doivent encore être déterminées par Décret.

Des mesures visant les entreprises d’insertion et les associations intermédiaires

  • Recours au contrat de professionnalisation

En principe, seules les embauches de personnes agrĂ©Ă©es par PĂ´le emploi ouvrent droit aux aides relatives aux contrats d’accompagnement dans l’emploi pour les ateliers et chantiers d’insertion et aux aides financières aux entreprises d’insertion, aux entreprises de travail temporaire d’insertion et aux ateliers et chantiers d’insertion par l’activitĂ© Ă©conomique.

Depuis le 7 septembre 2018, les entreprises d’insertion, entreprises de travail temporaire d’insertion, associations intermĂ©diaires, ateliers et chantiers d’insertion peuvent conclure un contrat de professionnalisation.

  • Modification de la convention de coopĂ©ration des associations intermĂ©diaires

Les associations intermédiaires et Pôle Emploi doivent conclure ensemble une convention de coopération. Elle définit notamment, à l’égard des salariés de l’association, leurs conditions :

  • de recrutement ;
  • de mise Ă  disposition ;
  • depuis le 7 septembre 2018, de formation.
  • ExpĂ©rimentation des entreprises d’insertion par le travail indĂ©pendant

A titre expĂ©rimental et pour une durĂ©e de 3 ans Ă  partir de la publication du dĂ©cret d’application, des entreprises d’insertion par le travail indĂ©pendant pourront ĂŞtre crĂ©Ă©es.

Elles auront pour rĂ´le d’aider les personnes sans emploi qui rencontrent des difficultĂ©s sociales et professionnelles particulières d’exercer une activitĂ© professionnelle en bĂ©nĂ©ficiant d’un service de mise en relation avec des clients et d’un accompagnement, rĂ©alisĂ©s par une entreprise d’insertion par le travail indĂ©pendant.

Elles pourront bĂ©nĂ©ficier d’aides financières de l’Etat.

Création d’un contrat de travail à temps partagé en faveur des publics fragiles

Pour rappel, le recours au travail Ă  temps partagĂ© a pour objet la mise Ă  disposition d’un salariĂ© par une entreprise de travail Ă  temps partagĂ© au bĂ©nĂ©fice d’un client utilisateur pour l’exĂ©cution d’une mission.

L’entrepreneur de travail partagé est la personne dont l’activité exclusive consiste à mettre à disposition d’entreprises clientes du personnel, en principe qualifié, qu’elles ne peuvent recruter elles-mêmes à raison de leur taille ou de leurs moyens. Cette activité peut être exercée par les entreprises de travail temporaire.

A titre expĂ©rimental, du 7 septembre 2018 au 31 dĂ©cembre 2021, un entrepreneur de travail partagĂ©, peut proposer un contrat de travail Ă  temps partagĂ© aux fins d’employabilitĂ© aux personnes rencontrant des difficultĂ©s particulières d’insertion professionnelle, qui sont :

  • inscrites Ă  PĂ´le emploi depuis au moins 6 mois ;
  • bĂ©nĂ©ficiaires de minima sociaux ;
  • handicapĂ©es ou âgĂ©es de plus de 50 ans ;
  • de niveaux de formation niveau V au plus (sont donc visĂ©es celles qui sont sorties après l’annĂ©e terminale de CAP ou BEP ou dĂ©pourvues du baccalaurĂ©at).

Ce contrat de travail est un CDI. Pendant les pĂ©riodes d’intermissions, le salariĂ© est assurĂ© de percevoir son dernier salaire horaire de base.

Le salariĂ© bĂ©nĂ©ficie d’actions de formation sur son temps de travail, prises en charge par l’entrepreneur de travail Ă  temps partagĂ© et sanctionnĂ©es par une certification professionnelle ou par l’acquisition d’un bloc de compĂ©tences. L’employeur s’assure de l’effectivitĂ© de la formation.

L’employeur abonde son CPF Ă  hauteur de 500 € supplĂ©mentaires par salariĂ© Ă  temps complet et par annĂ©e de prĂ©sence, ou au prorata de son temps de travail lorsque le salariĂ© n’a pas effectuĂ© une durĂ©e de travail Ă  temps complet sur l’annĂ©e entière.

L’employeur communique, en outre, tous les 6 mois, Ă  l’autoritĂ© administrative les contrats signĂ©s, les caractĂ©ristiques des personnes recrutĂ©es, les missions effectuĂ©es, les formations suivies ainsi que leur durĂ©e, le taux de sortie dans l’emploi et tout document permettant d’Ă©valuer l’impact du dispositif en matière d’insertion professionnelle du public visĂ©.

Organismes d’accueil communautaire et d’activitĂ©s solidaires

L’anciennetĂ© minimale exigĂ©e pour qu’une personne accueillie et accompagnĂ©e par un organisme d’accueil communautaire et d’activitĂ©s solidaires (EmmaĂĽs, par exemple) engage une procĂ©dure de validation des acquis de l’expĂ©rience est dĂ©sormais fixĂ©e Ă  12 mois de prĂ©sence dans l’organisme.

Source :Loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel /p>

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